Chapitre 25

 

Roberta leva le menton et tendit le cou pour regarder au-delà du bord du gouffre, non loin devant elle, et apercevoir les terres fertiles de sa chère vallée de Nareef, qui s’étendait des centaines de pieds plus bas. Au milieu des champs d’un vert soutenu où paissaient des bovins qui lui semblaient à peine plus grands que des fourmis, des taches brunes signalaient les parcelles récemment labourées. Les nouvelles pousses, elles, formaient des carrés d’un vert beaucoup plus vif à la beauté saisissante. La rivière Dammar serpentait à travers ce magnifique paysage, ses eaux scintillantes bordées des deux côtés par de grands arbres qui, de loin, semblaient être des spectateurs venus admirer le courant.

Chaque fois qu’elle s’aventurait dans les bois, près de la falaise des Nids, Roberta s’arrangeait pour jeter au moins un coup d’œil à la vallée. Après s’être offert le plaisir d’admirer cette vue vertigineuse, elle baissait toujours les yeux sur le sol de la forêt, couvert d’un lit de feuilles et de mousse, pour empêcher sa tête de tourner.

Elle rajusta le sac accroché à son épaule et se remit en route. Alors qu’elle se faufilait entre les buissons de myrtilles et d’aubépines, marchant sur des pierres plates qui ressemblaient à des îlots de stabilité perdus au milieu d’un océan de trous et de crevasses, ou se baissait pour éviter les branches basses des pins et des aulnes, elle écartait du bout de son bâton de marche les fougères et les balsamines qui se dressaient sur son chemin.

Son regard ne cessait de sonder les environs, éternellement à l’affût.

Remarquant une tache jaune ronde, elle se baissa et constata avec ravissement qu’il s’agissait d’une chanterelle, et pas d’un « feu follet » vénéneux. Beaucoup de gens raffolaient des chanterelles à cause de leur délicieux goût de noisette. Elle cueillit délicatement le champignon, et, avant de le glisser dans son sac, caressa l’intérieur du chapeau, doux comme de la soie.

La montagne qu’elle sillonnait en quête de champignons était très petite, comparée à celles qui se dressaient tout autour. En réalité, c’était plutôt une colline traversée par des pistes créées par l’homme – très rarement – et par une multitude d’animaux. Le genre de terrain assez facile que ses vieux muscles, de plus en plus douloureux, appréciaient au plus haut point.

Du sommet des plus grandes montagnes, disait-on, il était parfois possible d’apercevoir l’océan, très loin au sud. Une vue magnifique… Des « pèlerins » s’imposaient de pénibles escalades, une fois tous les ans, pour admirer les splendeurs offertes au monde par le Créateur.

Certaines pistes conduisaient jusqu’à la crête des falaises, et des bergers téméraires s’y aventuraient parfois avec leurs troupeaux. Roberta n’était jamais allée jusque-là, sauf une fois, dans sa lointaine enfance, quand son père – que son âme repose en paix ! – avait amené toute la petite famille à Fairfield. Trop jeune à l’époque, la ramasseuse de champignons ne gardait aucun souvenir précis de ce voyage, et encore moins des raisons qui l’avaient motivé.

Roberta préférait rester près des terres alluviales. Les montagnes ne l’avaient jamais fascinée – d’autant plus qu’elle était facilement sujette au vertige.

Plus en altitude encore, dans ce qu’on nommait les « hautes terres » s’étendait un territoire dangereux – comme par exemple le désert où se nichaient les oiseaux-nettoyeurs.

Rien ne poussait sur ce plateau, sinon le paka qui prospérait grâce aux eaux empoisonnées du lac. À part l’étrange plante, on y trouvait uniquement de grandes étendues noires de sol rocheux ou sablonneux, dont la monotonie était brisée çà et là par des ossements blanchis au soleil. De quoi se croire dans un autre monde, selon les dires des explorateurs qui avaient osé s’y aventurer.

Un silence de mort régnait sur ces terres désolées, sauf quand le vent s’y déchaînait, créant des dunes qui changeaient sans cesse de place, comme si elles étaient à la recherche d’un mystérieux endroit qu’elles ne trouvaient jamais.

Les montagnes plus basses, comme celle où Roberta cherchait des champignons, étaient luxuriantes, agréablement arrondies et très peu rocheuses. Seule la falaise des Nids faisait exception à cette règle, et Roberta ne se risquait jamais à en approcher.

Elle aimait avoir autour d’elle une infinie variété d’arbres, d’animaux et de plantes. Les pistes qu’elle écumait ne conduisaient jamais vers les crêtes, qui lui faisaient froid dans le dos, et surtout pas en direction de la falaise des Nids – ainsi baptisée parce que les faucons aimaient y nidifier.

Roberta était à l’aise au cœur des bois, là où poussaient les champignons qu’elle cueillait pour les vendre au marché. Elle les proposait sous toutes les formes – frais, séchés, au vinaigre ou préparés selon des recettes connues d’elle seule –, et la plupart des gens, qui ignoraient son nom, se contentaient de l’appeler la « Dame aux Champignons ».

Avec le produit de ses ventes, Roberta améliorait l’ordinaire de sa famille. Au fil des ans, elle avait pu acheter toutes sortes de choses qui facilitaient la vie : des aiguilles et du fil, des vêtements, des boucles de ceinture, des boutons, une lampe, de l’huile, du sucre, de la cannelle, des noisettes…

Une kyrielle de merveilles qui ajoutaient au confort des siens, en particulier ses quatre petits-enfants encore vivants. Grâce au commerce des champignons, la famille ne devait pas exclusivement compter sur ses récoltes et son maigre cheptel.

En plus de tout, les champignons faisaient un mets de roi. Pour sa propre consommation, Roberta préférait de loin ceux qui poussaient sur les flancs des montagnes. Dans la vallée, ils étaient insipides. En altitude, sous un ciel le plus souvent couvert, et avec une humidité quasi permanente, les chanterelles, par exemple, prenaient un goût inimitable.

Partageant son avis, sa clientèle lui payait à un prix très avantageux les délices qu’elle ramenait de ses excursions vers les « endroits secrets » où elle était la seule à savoir trouver des spécimens délectables. Aujourd’hui, les grandes poches de son tablier en débordaient, et son sac était presque plein.

À cette période de l’année, elle avait surtout déniché d’impressionnantes colonies de pleurotes. Ces champignons étant délicieux frits, par exemple dans une omelette, Roberta irait les vendre – frais – dès le lendemain. Comme elle en avait également trouvé beaucoup, elle ferait de même avec la moitié des chanterelles et mettrait le reste à sécher. Quant aux polypores squameux, dont sa cueillette avait été excellente, il vaudrait mieux les laisser mariner dans du vinaigre, si elle voulait en tirer le meilleur prix.

On était bien trop tôt dans l’année pour que les polypores tomenteux abondent un peu partout, ce qui serait le cas en été, mais dans un de ses coins secrets, semé de souches de pin, elle avait découvert un petit « gisement » de la variété ocre dont on se servait pour fabriquer de la teinture. Au pied d’un bouleau pourrissant, elle avait même déniché un carré de champignons brunâtres en forme de rognons. Ils n’étaient pas comestibles, mais les cuisiniers les utilisaient pour alimenter leurs feux et ils pouvaient aussi être très utiles pour aiguiser les rasoirs.

S’appuyant à son bâton de marche, Roberta se pencha pour étudier un champignon brunâtre à l’aspect parfaitement inoffensif. Sur sa tige blanc cassé, elle remarqua un petit anneau. Sous le chapeau, les lames jaunes commençaient à prendre une teinte rouille. Cette variété aussi foisonnait dans la forêt à cette période de l’année. Avec une grimace de dégoût, Roberta s’éloigna de la galérine vénéneuse.

Sous les branches basses d’un chêne aussi large que ses deux bœufs, quand ils étaient attelés côte à côte, elle cueillit trois énormes chanterelles jaunissantes – une variété qui poussait très souvent au pied des chênes. Ces trois-là étant déjà d’une belle couleur orange, elles seraient délicieuses.

Roberta savait parfaitement où elle était, mais elle n’avait jamais exploré ce sentier auparavant, et ne connaissait pas l’arbre géant. En apercevant sa cime, de loin, elle avait supposé que les champignons devaient prospérer autour de son pied très ombragé. Et bien entendu, elle ne s’était pas trompée.

En plus des chanterelles, elle découvrit, à ras de terre, un amas de langues de bœuf. Certaines personnes les surnommaient « sanguins » parce que ces champignons, souvent rouge vif, semblaient composés d’un faisceau de veines et d’artères. Ceux-là, un phénomène normal au printemps, étaient plus roses que rouges. Roberta préférait leur nom officiel. Culinairement, elle ne les trouvait pas fabuleux, mais certaines personnes appréciaient leur goût acide. Comme ils étaient plutôt rares, elle parviendrait à en tirer un prix raisonnable.

Dans une dépression qui ne devait jamais voir la lumière du jour, au pied du chêne, Roberta découvrit un petit cercle de clochettes de sorcière, ainsi nommées à cause de la forme de leur chapeau. Ces champignons n’étaient pas vénéneux, mais avec leur goût amer et leur texture spongieuse, personne ne courait après. Selon une vieille superstition, quiconque mettait le pied dans un cercle de clochettes était aussitôt envoûté. Du coup, les promeneurs passaient leur chemin dès qu’ils en apercevaient. Roberta se fichait de cette antique croyance : elle entrait dans ces cercles depuis qu’elle était haute comme trois pommes, à l’époque où sa mère l’amenait parfois dans les bois avec elle…

Certaine qu’elle n’avait rien à craindre des champignons – ses meilleurs amis depuis toujours – elle entra dans le cercle pour ramasser les langues de bœuf.

Une branche du chêne étant assez basse pour faire un siège confortable, même quand on était plutôt enveloppé, comme Roberta, elle s’y installa et constata, ravie, que le bois était assez sec pour que son contact ne soit pas désagréable.

Elle laissa glisser son sac à terre et s’adossa à une autre branche, placée à la hauteur idéale pour doter sa « chaise » d’un « dossier » et d’un « repose-tête ». Dans cette position, elle eut le sentiment d’être nichée dans la main végétale de l’arbre.

Alors qu’elle rêvassait, bien à l’abri sous le feuillage, elle crut entendre un murmure qui ressemblait très vaguement à son nom. Une illusion, certainement…

Ou un son tendre, réconfortant et stimulant pour l’imagination qui évoquait de très loin une succession de syllabes…

Quand elle l’entendit une deuxième fois, Roberta fut certaine qu’il ne s’agissait pas d’une hallucination. Quelqu’un prononçait bien son nom – mais avec une… intimité… qui lui donnait des résonances bien plus subtiles que celles d’un simple mot.

Ce son faisait vibrer jusqu’aux cordes les plus secrètes de son cœur. On eût dit qu’elle entendait le chant même des esprits, plein de bonté, de compassion et de chaleur.

Elle en soupira d’aise, heureuse comme elle l’était parfois quand elle sentait les rayons du soleil, par une journée frisquette, réchauffer un peu sa peau.

La troisième fois, elle se redressa dans son cocon végétal pour tenter de localiser la source de cette mélodie. Sous la chaude lumière du soleil matinal, la forêt étincelait comme si elle était un écrin rempli de minuscules gemmes.

Roberta poussa un petit cri quand elle vit l’homme, non loin d’elle. Bien qu’elle ne l’ait jamais rencontré, il lui sembla qu’elle le connaissait depuis toujours. Quasiment sans qu’elle en ait conscience, cet ami l’accompagnait et la réconfortait depuis sa plus tendre enfance, présent dans son esprit comme un fidèle partenaire. Oui, c’était l’homme qui ne la quittait jamais et qui envahissait ses pensées dès qu’elle s’autorisait à les laisser vagabonder. Un visage sans traits bien précis, mais qu’elle aurait pourtant reconnu parmi des milliers d’autres.

Et aujourd’hui, voilà qu’elle le découvrait bien réel, vivante incarnation du prince charmant qu’elle embrassait dans ses rêves depuis le jour, très lointain, où elle avait compris qu’un baiser pouvait être beaucoup plus que la petite cajolerie dont la gratifiait sa mère avant de la coucher !

Ceux de cet homme, ardents et brûlants, se posaient sur sa bouche et son corps une fois qu’elle était au lit…

L’idée qu’il existât pour de bon ne l’avait jamais effleurée. Pourtant, à cet instant précis, elle aurait juré l’avoir toujours su. Alors qu’il était debout devant elle, la regardant dans les yeux, comment aurait-il pu être une fantaisie de son esprit ? Ses longs cheveux noirs mettant en valeur sa peau très blanche, il souriait avec la chaleur et la tendresse qu’elle lui avait toujours vues. Mais pourquoi ne parvenait-elle pas à distinguer ses traits, alors qu’elle avait le sentiment, en même temps, de les connaître aussi bien que son propre visage ?

Et les pensées de cet homme, s’avisa-t-elle soudain, lui étaient aussi familières que celles qui tourbillonnaient depuis toujours dans son esprit. Était-ce cela, une âme sœur ?

Avec une pareille intimité, ignorer le nom de son amoureux ne lui semblait pas gênant. Au contraire, cela prouvait qu’ils étaient liés à un tel point – spirituellement – que les mots ne servaient plus à rien.

À présent, il s’était évadé du monde de l’imaginaire parce qu’il désirait être avec elle. Une envie dévorante qu’elle éprouvait depuis toujours…

L’homme tendit vers Roberta une main aussi parfaite que le reste de son corps. Son sourire exprimait une telle tendresse ! Et il la comprenait si bien, capable de sentir et d’accepter des choses dont personne au monde ne soupçonnait simplement l’existence. Qu’on puisse ainsi l’aimer jusqu’aux tréfonds de son âme la fit pleurer de joie.

Il l’appela à lui avec ses bras ouverts et son désir plus tumultueux qu’une tempête.

Les mains tendues, elle avança, si légère que ses pieds paraissaient ne pas toucher le sol, comme s’ils étaient des feuilles mortes portées par la brise. Alors qu’elle dérivait vers lui, une image s’imposa à son esprit : un grand lys, sur un lac aux eaux limpides, flottait vers son destin…

À mesure qu’elle approchait, une douce chaleur envahit le corps de Roberta. Pas celle que procuraient les caresses du soleil, mais plutôt celle qui montait en elle quand un enfant lui passait les bras autour du cou. La même qu’elle éprouvait jadis au contact de sa mère, et, plus tard, quand elle voyait le sourire ou sentait les tendres baisers d’un amant.

En réalité, comprit Roberta, elle n’avait jamais vécu que pour ce moment. Le long chemin qu’elle avait parcouru, souvent semé d’embûches, conduisait à l’instant ultime où elle serait face à lui, avec l’irrésistible désir de se jeter dans ses bras pour lui confier à voix basse toutes les aspirations secrètes qu’il était le seul à pouvoir comprendre.

Et combien elle serait heureuse quand elle l’entendrait murmurer à son tour, contre sa joue, qu’il la comprenait !

Roberta brûlait d’envie de lui chuchoter qu’elle l’aimait, et de recevoir, comme une offrande, le doux aveu des sentiments tout aussi forts qu’il éprouvait pour elle. Plus rien ne comptait, sinon se jeter dans ses bras.

Ses vieux muscles ne la torturaient plus et ses os la laissaient enfin en paix. Libérée du fardeau de l’âge, elle se dépouillait des années qui pesaient sur ses épaules comme on se débarrasse d’une robe, face à un amant dont on brûle de sentir la peau nue contre la sienne.

Grâce à lui, et à lui seul, elle retrouvait l’éblouissante vigueur de la jeunesse, cet âge de la vie où tout est encore possible.

Il tendit de nouveau les bras, pressé de la serrer contre lui. Roberta voulut lui saisir les mains, mais il semblait plus loin d’elle qu’une seconde plus tôt – une absurdité, puisqu’ils avançaient l’un vers l’autre !

Paniquée, Roberta redouta qu’il disparaisse avant qu’elle ait pu au moins le toucher. Mais elle avait l’impression de nager dans un miel très épais où elle ne parvenait plus à avancer. Toute sa vie, elle avait rêvé de toucher cet homme, de lui crier son amour et de ne plus faire qu’un avec lui.

Et maintenant qu’elle l’avait trouvé, il s’éloignait d’elle !

Malgré ses jambes de plomb, Roberta bondit en avant, sortant de l’ombre du chêne, en quête des bras de son amoureux.

Mais il semblait de plus en plus inaccessible.

Pourtant, il lui tendait toujours les bras, et elle sentait à quel point il la désirait. Elle se consumait d’envie de le réconforter, de le protéger du mal, de lui apporter la paix…

Conscient des sentiments qui la torturaient, il cria son nom pour l’encourager à avancer encore. Entendre ces trois syllabes sortir de sa bouche manqua faire exploser son cœur d’allégresse. Elle devait lui rendre la passion qu’elle avait entendue vibrer dans sa voix, c’était un devoir sacré !

Si elle avait connu son nom, elle aurait pu au moins le crier aussi, tout l’amour du monde jaillissant de sa gorge comme un torrent tumultueux.

Roberta mobilisa toute sa volonté et sa force pour tendre vers lui son corps désormais si lourd et étrangement raide. En elle, plus rien n’existait que le désir de le rejoindre. Tout ce qui avait fait sa vie jusque-là ne comptait plus…

Alors qu’elle allait enfin pouvoir toucher le bout des doigts de son bien-aimé. Roberta poussa un cri – qui aurait dû être un nom – qui exprimait tout son amour et son désir. Voyant qu’il écartait les bras, avide de les nouer autour de son torse, elle fit un dernier effort pour avancer. Autour d’elle, les rayons du soleil brillaient comme des gemmes tandis qu’un vent venu de nulle part faisait danser ses cheveux et sa robe.

L’homme cria son nom d’une voix si belle qu’elle lui serra le cœur et fit exploser en elle une douleur terrible mais délicieuse. Les bras également écartés, pour l’enlacer enfin, elle eut le sentiment qu’elle flotterait ainsi vers lui jusqu’à la fin des temps, le visage caressé par le soleil et les cheveux ébouriffés par le vent. Mais elle ne s’inquiéta pas de ce plongeon dans l’éternité, puisqu’elle arrivait enfin là où elle avait toujours voulu être. Avec lui !

De sa vie, elle n’avait pas connu d’instant plus parfait ni éprouvé de sensations plus complètes. Aucun amour pareillement total et sincère n’existait ailleurs dans le monde. Elle était arrivée au port…

Telles les notes d’un carillon, cette plénitude nouvellement découverte faisait résonner toutes les fibres de son corps et de son âme.

Elle crut que son cœur allait exploser quand elle se serra enfin contre la poitrine de l’homme en hurlant d’amour et de désir. Une dernière chose lui manquait : connaître son nom, afin de pouvoir s’abandonner à lui.

Le sourire éclatant de son bien-aimé n’appartenait qu’à elle, et ses lèvres vibrantes d’impatience, attendaient de se poser sur les siennes.

Roberta combla la minuscule distance qui séparait encore leurs bouches. Enfin, elle allait embrasser l’amour de sa vie, son âme sœur, objet de l’unique passion authentique qu’elle eût éprouvée depuis le jour de sa naissance.

Soudain, leurs lèvres se touchèrent, comme elles étaient destinées à le faire depuis la première minute de la Création.

En ce merveilleux instant, alors que leurs bouches étaient sur le point de se découvrir, Roberta vit à travers son amoureux – juste derrière lui – le sol impitoyablement dur de la vallée monter vers elle à une vitesse vertigineuse.

En un dernier éclair de lucidité, elle comprit que c’était en réalité elle qui tombait.

Puis elle sut avec certitude le nom de son merveilleux amoureux.

Le néant.

L'Ame du feu - Tome 5
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